STRN-253

3 juin 1975 - 5 mai 2011

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Le 12 novembre 2002 sortait le seul album jamais exploité à l'échelle industrielle de Jean-Luc Le Ténia, "Le meilleur chanteur français du monde" - 2000 exemplaires pressés, aujourd'hui tout juste épuisés

Pour fêter cet épuisement du CD, Ignatus Musique d'Ignatub a décidé pour la première fois de le rendre disponible sur les plateformes traditionnelles d'écoute, exactement comme l'a fait Jean-Jacques Goldman récemment

Aussi, à cette occasion, il nous a proposé de l'héberger sur souterraine.biz à prix libre pour tous les utilisateurs de fichiers numériques, alors on est bien content

Biographie d'époque :

"Jean-Luc Le Ténia est réellement un ver solitaire. Anthropophage, il a commencé par dévorer le sang de sa mère lorsqu'il était fœtus, puis son lait humain lorsqu'il était bébé.
Une fois sevré, il ne put se contenter des cadavres animaux et végétaux que ses parents mirent dans son assiette. Il décida donc de continuer à manger de l'homme.
Bien entendu, la chaire humaine, vulgaire et peu satisfaisante, ne l'attira pas.
Il préféra se nourrir du propre de l'homme : ses mots, ses sentiments, ses lâchetés, ses faiblesses, ses désirs, les détails de sa vie quotidienne.
Mais que fait quelqu'un qui se nourrit ? Il digère. Et qu'est-ce que la digestion ? La transformation de la matière brute en matière sophistiquée.
En clair : l'amour, les filles, les téléfilms d'Arte, les cotons-tiges deviennent Jean-Luc Le Ténia. Mais à quoi ressemble Jean-Luc Le Ténia ?
A un ver ? Non, à un jeune homme discret et présentable. Du moins, tant qu'il ne chante pas. Car, dès qu'il ouvre la bouche qui est l'organe le plus effrayant du ver solitaire, il se métamorphose.
Il y a ceux qui ont peur. Alors, ils le trouvent drôle. C'est une défense. Il y a ceux qui sont hypnotisés. Alors, ils le trouvent sentimental. Il y a ceux qui sont interloqués par sa sincérité. C'est parce qu'ils retrouvent, dans ses chansons, des matériaux de leurs propres désirs, comme des fruits entiers dans une confiture. Il y a ceux qui sont consolés de l'entendre. C'est parce qu'ils sont des vers solitaires en puissance.
Certains constatent que des phrases de ses chansons sont quelques fois répétées jusqu'à l'usure. C'est la preuve que le ténia mastique jusqu'à la disparition du goût.
D'autres ressentent un goût d'enfance dans ses chansons. Mais rappelons que l'enfance d'un ver solitaire est faite de cannibalisme.
D'autres encore trouvent de la poésie dans ses rimes. Méfions-nous. Cela prouve qu'il a du goût. Les filles, à coup sûr, sont charmées. Ce sont les plus comestibles.
Il est grand temps de faire ici une remarque. Jean-Luc Le Ténia semble avoir enfin compris, comme toute personne civilisée, que la prédation n'est pas le moyen le plus rentable de se nourrir. C'est l'agriculture. Et comme il se nourrit de poésie et d'humour, il cultive la poésie et l'humour."

Texte de Jean-Luc Coudray tiré du livret de l'album, 2002