STRN-38

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Je me souviens d'un petit voyage sur l'Oyapock que j'ai fait avec W. depuis l’ouest de la Guyane. On allait chez lui. Il avait une maison en bois sur un terrain uniquement accessible par le fleuve. On allait arracher des mauvaises herbes et retourner un peu la terre pour semer. Et aussi, pour ma part, bouquiner dans le hamac. W. avait une barquette qu'il laissait flotter au dégrad de Saint-Georges, la bourgade principale de l'est. On a pris la barquette avec tout notre barda, dont ma guitare. La barquette était pourrie et l’eau s’infiltrait. Au milieu du fleuve, on a commencé d’écoper vivement, jusqu'à ce qu'on réalise l’imparable : on allait couler. J’ai regardé W. avec circonspection. Dans son regard, aucun signe de désespoir, mais au contraire, un amusement bonhomme. Alors j’ai ri. D’abord de voir W. s’enfoncer dans l’eau sans changer de position, assis sur sa planche, pagaie à la main et sourire en coin. J’ai ri aussi car je me trouvai d’un coup précieusement ridicule d’avoir compter rester sec. Enfin, j’étais heureux. Nos sacs de vêtements, le matériel de jardinage et ma guitare prenaient leur indépendance en une précaire flottaison. C'était bon de tout laisser faire. Puis de toute façon, sa ki pou'w la riviè pa ka chayé'y. La preuve en est qu’un piroguier brésilien nous a pris en cordée et que la grande rivière n’a pas emporté nos fardeaux dans ses flots.

Il faut aussi parler des animaux. Quelle stupeur charmante et un peu effrayante de voir les animaux de la forêt chez eux. On se sent vraiment vivre.

La folle nature, les siestes transpirantes, la liberté simple et la magie quotidienne sont les choses que j’aime mettre dans mes chansons.

J’ai enregistré un premier EP en 2009 (Une maison – Que font-ils en mon absence ?). Un single est sorti en 2010 (Fender benders en est la face b). Mon premier album voit le jour en ce début 2015. Dans cette Mostla tape figure une reprise de La rosée si feuilles songes d’Alain Péters, poète et musicien que j’admire.

Je chante et joue les guitares, les claviers et les percussions. Hélène Martin joue la contrebasse. Corentin Marot joue le saxophone soprano sur Cayenne. Les chansons ont été mixées et masterisées par Jaike Stambach, Vincent Mons et Rémi Salvador.